Berthilde Cruchon

Le brouhaha des quartiers indique aux oreilles de Berthilde qu'elle est arrivé au bon endroit. Cette pinte à la taverne l'a remise d'aplomb pour monter son campement. Elle regarde dépitée les autres habitations de fortune collées les unes aux autres.

"... pas me mêler à ça ... quoi ce bordel..."

Elle trouve enfin un coin à l'écart et se met au travail.
Après une petite heure de labour, la vieille dame regarde son campement d'un œil satisfait. Une toile soutenue par deux épaisses branches trouvées dans les environs forme un quart de lune et fait face à un petit cercle de pierre destiné à préparer ses repas.

* t'as pas perdu la main ma vieille, comme au bon vieux temps.*

Il ne lui manque qu'une chose, une arme. La lame qu'on lui a retiré avant de partir manque à sa taille.
Berthilde par chercher son bonheur à la caravane de marchandise qu'elle a aperçu à l'entrée, tout en désespérant de laisser son abris sans surveillance.

C'est quelques temps plus tard que Dolatar, que la douche forcée de Sa'Rkhan a quelque peu égaré, se retrouve devant la tente de la vieille Berthilde. Toujours aussi trempé et dégoulinant, le brave homme frissonne, gelé jusqu'aux os.

*C'est pas possible j'vais crever là ! Cette flotte ! Ca me pollue le cerveau, j'm'y retrouve plus dans ce camp ! C'est pas ma tente !*

Et comme si c'était la solution à tous ses maux, il décide donc que la meilleure solution pour ne plus avoir l'impression de patauger dans l'eau froide est de se... déshabiller.

Tout de suite.

Totalement.

C'est au moment où Dolatar jette son dernier bout de tissu au sol que Berthilde sort de sa tente pour préparer un feu. La tête baissée et marmonnant contre on ne sais qui, elle met quelques secondes avant de voir le nudiste, lui qui d'habitude est repérée à des kilomètres à son odeur particulière.

Lorsqu'elle lève la tête, la vieille dame est plus affligée que choquée par le grand benêt qui se tient face à elle, tout fière de son idée lumineuse.

"...pire que ce que je pensai... vraiment grave... OH le gros tu veux crever ?! Ça va pas la tête?! "

Elle a beau être une vieille bique, Berthilde ne laisserai personne mourir de froid, pas après tous ce quelle a vu pendant ses années de services. Elle commence donc a allumer un feu rapidement tout en continuant de grommeler après Dolatar.

Une fois le feu allumée, Berthilde tend un bout de tissu à son hôte inattendu.

"Allez, ramasse tes affaires et viens te sécher."

Nu comme un nouveau-né, Dolatar plisse le front en entendant une voix féminine dans son dos. Pudique, il plaque ses grosses paluches sur sa nouille minuscule -mais c'est parce qu'il a très froid...- histoire de ne pas infliger la vue de ses attributs à une dame. Et à peine a-t-elle terminée que, les lèvres bleues tant il est gelé, il se met à rire jovialement !

"Hahahahaha T'en fais donc pas ma bonne Berthilde ! C'est pas un petit courant d'air qui aura raison de Dolatar, je suis bien trop gras pour ça !" Il se frappe le ventre d'une main pour illustrer ses propos, l'autre garantissant sa pudeur "Mais c'est très gentil à toi de t'inquiéter en tout cas !"

Il attrape le morceau de tissu et commence à s'essuyer avec, avant d'attraper ses vêtements trempés et glacés, et les rapprocher du feu. Il s'installe tout près des flammes en frissonnant, rasséréné par leur douce chaleur.

"Ce bougre de Sa'Rkhan m'a mis à la flotte ! C'est p'tète bon pour quelqu'un qu'est à moitié Vouivre, mais moi je suis totalement humain ! Et les bains par ces températures... Bon déjà j'aime pas trop... Mais tant qu'à en prendre j'aime autant qu'il soit un minimum tièdes !" Il renifle son bras velu encore humide. "J'ai l'impression de sentir la vase en plus, alors tu parles d'une amélioration !"

Berthilde regrette déjà son invitation, qu'est ce qu'il est bavard ce Dolatar. L'histoire du bain forcé la fait quand même sourire discrètement.

*Il en avait bien besoin c'est sûr... Pas mal finalement le reptile..*

La vieille dame étale bien les vêtements de son hôte près du feu, il ne faudrait pas que ça mette trois heures à sécher non plus. Berthilde n'est pas une femme très bavarde, a moins que se soit pour médire sur les autres, caractère qu'elle ne pense pas trouver chez Dolatar. Elle ponctue donc les tirades de l'homme par des "hum" et des  "mouais" mais en l'écoutant attentivement, la dame étant toujours à l'affut d'un bon ragot à se mettre sous la dent.

Devant tant de conversation, Dolatar s'assoit sur le petit bout de tissu, tout nu, repliant ses jambes sur son intimité et ouvrant ses paumes face au feu.

"Voilà, voilà..."

Nouveau silence pesant, le bougre ayant bien du mal à se réchauffer et ses vêtements à sécher. Il cherche désespérément un sujet de conversation potable pour ne plus avoir à subir ce face à face silencieux, et la seule chose qui lui passe par le cerveau c'est :

"Ça te gêne pas que je sois à poil ? Enfin, j'imagine qu'à ton age, je suis pas le premier homme que tu vois tout nu, hein ?! hahaha !"

Ou comment insinuer à la fois qu'elle est grabataire et chaude comme la braise.

Berthilde adresse un sourire amical à Dolatar, étrangement, elle a l'air de commencer à se détendre aux côtés de ce brave gars.

" Si tu savais mon petit..."

La vieille dame dit ça sur un ton de fierté, mais une lueur de nostalgie passe dans ses yeux. Elle reste silencieuse un instant, plongée dans ses souvenirs de jeunesse. Elle redresse la tête et -oh miracle- relance la conversation.

"Dis moi Dolatar, tu as une famille qui t'attends quelque part ?"

En disant cela, Berthilde se rend compte que sa question est peut être un peu bizarre après se qu'elle vient de lui répondre.

Dolatar laisse échapper un rire amusé : "mon petit"...Il ne doit pas être beaucoup plus jeune qu'elle. N'empêche... Elle a l'air d'avoir eu de l'amant la vieille Berthilde, à voir son sourire rêveur ! Quelle jeune femme pouvait-elle bien être ?
Il frissonnait tranquillement de froid quand soudain... l'incroyable se produit ! Elle lui pose une question ! Il lève un sourcil vers sa compagne d'armes, et secoue la tête.

"Nooon, pas spécialement... J'étais beaucoup au combat, je m'suis dévoué pour sa Majesté, et j'ai pas bien eu le temps de fonder une famille à côté." Fait-il en détournant les yeux, bien moins prompte à préciser devant Berthilde que devant Sa'Rkhan, qu'aucune femme ne voulait de lui à part quand il payait grassement leurs faveurs !

Il se passe la langue sur les lèvres, se frotte les bras qui s'engourdissent par le froid, hésite...et finalement se lance :

"Et toi ?"

Cela fait bien longtemps que Berthilde n'a pas engagé la conversation avec quelqu'un. Elle se surprend à être aussi bavarde, sa longue période de solitude doit finalement finir par lui peser. Elle répond du tac au tac à Dolatar, comme une phrase récitée des dizaines de fois.

" Non, un garde ne doit pas avoir de famille, personne à qui tenir si ce n'est à son seigneur, tout sentiment est une faiblesse ! "

Droite comme un I, la vieille dame dit ces mots avec fierté et conviction. Cette ligne de conduite est celle qu'elle a suivie toute sa vie et qui l'a rendu si forte au combat. Dolatar est donc un peu de la famille s'il a été soldat, mais à le voir ainsi dénudé et tout guilleret, Berthilde a du mal à l'imaginer menaçant au sein d'une armée.

Dolatar pince les lèvres et hoche la tête en silence tandis qu'elle lui sort sa tirade. Elle a bien raison. Cela dit, s'il avait eu le choix, il aurait sans doute pris une femme, lui... Il est bien moins rempli d'abnégation que Berthilde, si droite dans ses bottes.
Il se passe la langue sur ses lèvres bleues et après s'être gratté la nuque, ajoute, hésitant :

"Et... Ça t'a manqué ? Parce que euh..moi des fois...ben...un peu..."

Devant le peu d'assurance que Dolatar dégage, Berthilde se demande de plus en plus comment il a pu être un bon soldat. Le lien le plus fort qu'elle ai eu, c'était avec sa rapière. A elles deux, elles étaient imbattables. Elles conduisaient tous les convois à destination sans exception. Jamais elle n'avait ressenti le besoin de se poser quelque part, d'être la boniche d'un homme ou d'avoir des mioches.

Après un petit silence, la vieille dame ouvre enfin la bouche.

" Je crois que tes affaires sont sèches. Je te laisse t'habiller avant que tu meurs de froid."

Elle se lève et entre dans sa tente pour préparer son diner.

Dolatar guettait la réponse en silence et plisse un peu le front en l'entendant enfin tomber... Moui, bon, elle change de sujet. Préférant ne pas insister il retrouve son grand sourire habituel, commençant à claquer des dents -du moins celles qui lui restent.

"Ha euuuh... Oui tout de suite !" Fait-il, docile, se levant pour prendre ses vêtements encore humides et les enfiler en frissonnant.

Il ouvre la bouche pour remercier Berthilde mais la vieille guerrière a déjà disparu au fond de sa tente. Il referme une seconde la bouche, hésite et fini par lancer bien fort :

"Merci Berthilde ! J'te souhaite une bonne soirée !"

Il attend une seconde au cas où une réponse viendrait, sans trop y croire, et tourne les talons, se dirigeant finalement vers sa propre tente.

C'est une matinée plutôt agréable, le soleil brille, les oiseaux chantent, les petits mulots trottent dans la fraiche rosée, quand soudain un énorme grognement retentit dans les quartiers. Les quelques combattants présents aux environs se tournent machinalement vers la tente de Dolatar, connu pour ses ronflements et autres bruitages nocturnes gênant.

Mais cette fois, le gros bonhomme n'y est pour rien. C'est du côté de Berthilde que le grognement se fait entendre de nouveau. La tente s'ouvre, laissant passer une tête toute flétrit, surmontée d'un chignon ébouriffé.

"Qu'est c'passe ? ... L'est qu'elle heure?"

La vieille dame se frotte le visage et plisse les yeux sous les rayons du soleil.

"RRGnaaa .... j'ai encore dormi trop longtemps !"

Elle rentre dans sa tente et se prépare en vitesse, ce n'est pas la première fois que ça lui arrive. Si Berthilde peut encore aussi bien se battre à son âge, c'est qu'elle à la capacité de dormir plusieurs jours d'affiler pour finalement se réveiller comme revitalisée. Ainsi elle garde l’énergie d'une jeune combattante fraichement recrutée.

* Bon allons bouger tes vieux os ma vieille, avant que le campement n'oublie ton existence ! *

C'est à cet instant que la pauvre Berthilde se retrouve face à l'odeur et la masse imposante du brave Dolatar. Celui-ci semble faire les cents pas depuis un bon moment devant la tente de la vieille guerrière, et il sursaute quand elle sort soudain :

"Berthilde !!!" S'écrit-il, comme s'il était surpris de la voir sortir de sa propre tente.

*Allons bon, reprends-toi vieux !!!*

Il lui offre son plus beau sourire édenté, quoiqu'un peu tremblotant, et regardant ailleurs, tourne un peu autour du pot :

"Tu vas bien ....?"

Berthilde a encore la tête dans le pâté, elle ne remarque Dolatar que lorsqu'il lui adresse la parole. Elle retient un sursaut puis renifle en faisant légèrement la grimace.

* C'est vrai que ça sent la vieille chaussette, ça aurait du te mettre sur la voie ...*

" ... grmrmrrm...Qu'es ce y m'veux... "

Elle le regarde sans rien ajouter, attendant le pourquoi de cette interruption . A voir le rond qui s'est formé sur la terre, il est clair que le gros bonhomme attendait sa venue.

"Hahaaa... wouala wouala............... Donc euuuh. Oui ! Là !"

Il s'élance courageusement et montre un genre de pot en bois, tapissé de tissu, rempli d'un baume qui sent sacrément fort... Pas spécialement mauvais non, mais un mélange de plantes drôlement odorantes !

"C'était uuuh... Médicale. Purement médicale. Mais j'me suis coincé les reins avec ma dernière quête, il pleuvait comme vache qui pisse et ... bref, tu veux bieeeeen.....memasserlebasdudoss'ilteplait ????"

Et le brave combattant plisse les yeux dans une grimace de crainte, rentrant légèrement la tête dans ses épaules. Pourvu qu'elle ne crie pas trop fort, pourvu qu'elle ne crie pas trop fort !!! Il n'envisage même pas, à vrai dire, qu'elle puisse accepter, trop habitué sans doute à se faire refouler par la gente féminine non rémunérée. Mais étrangement, ça ne semble pas décourager le grand romantique pour autant.

(HS : vas-y Dolichou, t'as toutes tes chances !!! XD )

Berthilde regarde Dolatar essayer de s'exprimer tant bien que mal et fini par comprendre plus ou moins le pourquoi de sa venue ...

* T'en as soigné des gens ma vieille, mais c'est bien la première fois qu'on te demande un massage !*

Ce mot la fait replonger dans ses souvenirs un instants, des souvenirs trèèèès lointains, quand elle ne s'était pas encore engagée à servir et qu'elle collectionnait les amants .... ça oui elle en avait eu des massages ! Elle relève les yeux rapidement vers Dolatar en se raclant la gorge. Il est hors de question qu'elle effleure la moindre partie de son corps, c'est pas parce qu'elle est vieille que Berthilde va toucher n'importe quoi. Elle commence à faire comme une grimace, mais en croisant le regard de chien battu de l'ancien guerrier, la vieille dame ne peu pas se résoudre à l'envoyer bouler.

" .... pas idée ... m'demander ça à moi.... Hum moué... Si tu veux mon avis, cette crème là c'est bon pour choper des cochonneries, ce qu'il te faut c'est un bon remède à boire. Assied toi là, je vais te préparer quelque chose avec ce que j'ai dans ma tente."

Dolatar n'ose pas contredire sa consœur : il pensait tant se faire envoyer paître que c'est totalement docile qu'il "s'assoit là" en faisant une grimace de douleur contenue.
Ses reins, misère, il s'est coincé un nerf, c'est sûr !
Ne sachant que faire en l'attendant, il joue avec le pot de crème entre ses larges pognes, crème qui lui a pourtant bien des fois rendu service... Mais bon, il ne veut pas Berthilde attrape des "cochonneries".

*C'est pas une tisane qui va me remettre sur pieds, mais bon....... Au moins avec elle, j'peux parler avec quelqu'un de mon âge.*

"Tu t'y connais en plantes ? Moi à part la laitue, je suis pas bien calé j'dois dire........... Je m'y connais mieux en gnôle, hahahahaha aw aw aw...... " Son rire crispe ses reins douloureusement.

Berthilde se dirige vers une petite étagère où sont regroupés plusieurs pots de formes et de tailles différentes, ils contiennent des racines et des feuilles en tout genre. Elle n'a emporté au camp que le strict nécessaire, la totalité de ses bocaux auraient pris bien trop de place. Le métier de garde du corps de la vieille dame ne se limitait pas à la seule capacité physique, elle devait prendre soin de ses clients pour qu'ils ne souffrent d'aucun maux.

Elle prend un peu d'eau chaude qui lui reste justement dans sa petite casserole en fer, puis saisit un pot en terre cuite contenant une espèce de poudre noirâtre. Elle en met une pincée dans l'eau puis le replace dans l'étagère, elle répète l'action deux ou trois fois avec différents récipients.

Pendant qu'elle prépare sa mixture, Berthilde répond à Dolatar.

" Je connais le minimum on va dire. J'ai perdu de la pratique au fil des années. "

Elle ressort avec le gobelet en terre à la main et le tend à son patient. Le pauvre Dolatar se retrouve à devoir boire un breuvage infecte alors qu'il était venu pour se faire chouchouter.

Elle se rassoit à côté du vieux guerrier et ajoute:

"Ça va te filtrer tout ça, tu m'étonne que tu ais mal aux reins si tu ne bois que de l'alcool Dolatar."

"Y faut bien que j'm'hydrate !!!" S'offusque le colosse, ne voyant visiblement aucun attrait à l'eau.

Il lorgne avec une méfiance affichée la drôle de mixture -qui sent toujours moins mauvais que lui- et après un bref reniflement circonspect, se lance. Il boit tout d'une traite, puis fait un "brrrrrrr" secouant violemment son corps aussi musculeux que graisseux, tandis qu'un frisson de dégoût le parcourt.

"Ha ben je préfère ma gnôle !!!"

Il repose la tasse à ses pieds et regarde Berthilde en coin. Ils sont tous les deux des retraités forcés, et il se demande si l'adrénaline de combats épiques ne manquent pas également à la sèche guerrière.

"Parce que tu pratiquais beaucoup, dans l'temps jadis ? Tu étais guérisseuse ou chais pas quoi ?"

Berthilde regarde le vieux guerrier boire en vérifiant qu'il finisse bien la boisson jusqu'à la dernière goutte. Elle reprend le verre en ajoutant un "Voiiiiilà". Elle sourit lorsque Dolatar évoque le passé, elle ne se lassera jamais de ressasser les vieilles batailles.

" Non pas vraiment, j’étais en charge de convois royaux. Et parfois pour qu'ils arrivent à bon port, fallait rafistoler un peu....surtout les boulets..."

Elle grommelle un truc incompréhensible, surement un souvenir d'un certain boulet en particulier, puis elle relève la tête et relance la conversation. Elle ne sait pas pourquoi mais c'est plutôt facile avec Dolatar, peut être à cause de leur âge.

" En tant que soldat t'as du participer à de grandes batailles toi dans le temps."

Elle le regarde presque avec envie, elle aurait rêvé mener de grandes troupes à la victoire.

"Oh ! D'accord. J'pensais que tu faisais partie de l'armée, comme moi ! J'aurais dû me douter à ton physique tout mince que t'étais une grande marcheuse. T'as dû sacrément voyager alors... Et déjouer un paquet de traquenards hahaha ! Y d'vait pas faire bon tomber sur un convoi mené par la Cruchon, je parie ! Hahaha !
Eeeeet...mmh... T'as arrêté de ta propre volonté ouuu... comme moi, on t'a demandé plus ou moins poliment d'céder la place à la jeunesse ?" Demande-t-il avec hésitation, cherchant probablement dans son cœur de grand romantique des points communs avec la charismatique petite vieille.

L'expression du visage de Dolatar passe de l'hésitation à la fierté rutilante, pure et dure. Il se redresse, ne se rendant pas compte qu'il y arrive sans douleur dans les reins, et hoche vigoureusement de la tête une seule et brève fois :

"Haaaa ça ! Pour en avoir vécu, j'en ai vécu ! J'étais même présent dans les rangs de l'armée quand sa Majesté déclenchait la guerre de la brèche de Pierreblanche. J'saurais même plus dire combien j'ai détruit de vaudous ce jour-là. Et des sacrément plus costauds que ceux qu'on se mange ici, j'te le dis. Mais avec une épée j'étais plus doué qu'avec la magie, haha !"

Berthilde se renfrogne un peu quand Dolatar lui parle de son départ anticipé. En effet, la vieille dame avait un peu perdu son sang froid lors d'un convoi de coffres de plusieurs milliers de pièces d'or. Les jeunes soldats n'étant pas assez dégourdi à son goût, elle leur avait fait subir un enfer, et quelques coups de rapières avaient été perdu en route.  

" Hum... on va dire que j'ai voulu bien accomplir mon travail mais on n'a pas approuvé mes méthodes.... et on m'a retiré ma chère rapière ..."

Berthilde tilte quand l'ex guerrier parle de Pierreblanche. Elle monte son bras en pointant du doigt Dolatar.

" Non ! Pierreblanche ?! t'y étais ?! J'aurai tué pour aller me battre au milieu du champ de bataille ! Au lieu de ça j'étais à peine à quelques kilomètres dans la cité d'à côté à "protéger" les nobles en cas de dérapage de la guerre."

Bizarrement la vieille dame semble se détendre, parler avec un ancien et qui plus est de combat, ça lui donne la patate.

Le front de Dolatar se plisse avec compassion quand Berthilde laisse entendre à demi-mot qu'elle s'est copieusement faite virer... et confisquer son arme visiblement fétiche.

"Mais y'z'ont le droit de faire ça ???" S'enquiert-il en fronçant les sourcils, circonspect. "C'est pas normal ! C'est ton arme, c'est ta vie... c'est... ton gagne-pain ! Ha j'te jure, y en a faudrait leur couper la tête ça leur remettrait les idées en place."

Il affiche ensuite une mine peinée, baissant les yeux sur ses gros doigts qu'il tortille machinalement. Il se met à rire se passant la paume sur la nuque, presque gêné de voir qu'elle semble si admirative, lui qui en était si fier deux secondes plus tôt.

"Haha, ha oui ? Baaaah, je suis sûr que t'aurais été formidable.........."