Remise en question

Un matin, très tôt, et pour cause.

Opaline vient de fuir la tente de Vakor, après que cet imposant guerrier ait eu une réaction on ne peut plus surprenante -pour elle en tout cas- après s'être réveillé auprès de la jeune femme suite à une soirée bien trop arrosée.
Pour une fois, Opaline n’est pas retournée chercher des affaires à sa tente pour ensuite aller se baigner. Non... Elle a tout de suite retrouvé une place dans la taverne alors que les lieux ne sont plus que fréquentés par ceux qui n'ont pas réussit à retrouver leur tente après les litrons de rouge ou de bière qu'ils ont ingurgité.

*Ca sent pas bon... enfin pire que d'habitude en fait.*
Constate la jeune femme un peu décoiffée en entrant sous la tente. Elle soupire, et s'installe à une table à peu près propre où aucun guerrier ne ronfle, étalé en plein milieu.
Elle n'a envie de rien en fait. Ni de boire, ni de manger, ni de quoi que ce soit; Mais l'idée de retourner dans sa tente après ce réveil douloureux lui semble encore plus pénible. Au moins ici elle a l'impression d'être un minimum entourée.

En fait, pour la première fois de sa vie, la petite bourgeoise à la vie facile se rend compte qu'elle se sent bien seule, et qu'à force de courir les lits, ça a bel et bien finit par se retourner contre elle. Comme sa mère le lui avait dit ! Elle ne l'avait pas cru à l'époque, évidemment. Parce que sa mère pensait surtout à la réputation désastreuse de sa coureuse de pantalon de fille, et au fait qu'à son âge, elle n'était ni mariée, ni mère, et encore moins vierge.
Mais Opaline doit bien se rendre à l'évidence aujourd'hui : oui, passer de lit en lit dans les bras d'hommes dont elle ne connait absolument rien ou presque, hé bien... ça n'apporte pas que du bon.

Encore une fois, le visage horrifié de Vakor lui revient en mémoire, lui qui s'était rendu compte de la catastrophe au réveil, d'avoir couché avec une aussi jeune femme et en plus, sans se souvenir exactement de ce qui s'était passé... Et de son côté, pour la première fois, Opaline s'était donc rendue compte très brusquement, que profiter de l'état d'ébriété d'un homme n’est vraiment, mais alors vraiment pas intelligent.
Elle se sent mal, sale... elle a abusé de lui en fait, ouvertement, sans se poser de question.

Elle se sent si honteuse !
Le regard dans le vague, la petite rouquine se remémore aussi cette soirée surréaliste passée avec Bouz'hy-er, ce jeune mage à la tête ailleurs et qui semble avoir vécu le pire.
Dans sa grande naïveté, elle trouvait ça tellement... aventureux, romanesque !! Elle qui n'a jamais rien vécu de grave dans sa vie, ne s'était pas rendue compte de l'horreur de ce qu'impliquait le vécu de quelqu'un comme lui.
Mais à force de discuter, forcément, petit à petit ça avait fait son chemin dans sa tête.

Et enfin... ce bon bougre de Dolatar, ses lapsus qu'elle trouve révélateurs, et le fait qu'il l'évite comme la peste depuis qu'il a compris qu'elle le trouvait attirant à sa manière.

Nouveau gros soupir de la ronde rouquine.
Elle fixe le vide sur la table, et frotte le bois usé du bout de ses doigts un peu rêches à force de se battre.
Elle se sent vraiment nulle, et tellement inutile... Maêlik ne lui parle plus depuis qu'ils ont couché ensemble. Il est avec Aya maintenant, cette elfe si jolie, forcément. Quant à Arotlan, elle n'a plus recroisé sa route non plus.
Elle constate avec amertume qu'elle a beau mener la belle vie, au bout du compte, une fois qu'elle est passée dans le lit de quelqu'un... elle se retrouve immanquablement seule, à croiser les doigts pour qu'un nouveau guerrier ne se présente et ne l'accueille dans sa tente.

Ah c'est bien beau de rêver de liberté, de rêver d'être aussi libre physiquement que ne le sont les hommes... au final, qu'est-ce qu'elle en a gagné....? Certes elle vit sa vie comme elle l'entend, plus personne ne lui dit quoi faire ni comment. Elle s’est affranchit de sa famille, de son statut de femme, mais... et alors ?
La voilà à présent seule à une table dans un bar crado, décoiffée et habillée à la va vite, à ruminer des pensées sombres pour la première fois de sa vie ou presque.

Aya avait eu une matinée plutôt bizarre. En effet, elle c'était réveillée très tôt des bras de Maêlik et était partie promenée. En marchant, elle avait rencontrer un autre Elfe et en revenant dans sa tente, découvert que Calimethar était partie en quête.

*Je n'aurais pas dû la laisser seule dans la tente!!!!!!!!!!*

Maintenant, la princesse marche vers la taverne dans laquelle elle n'est jamais allée. On lui avait dit que là bas, on oublie tout ses soucis et c'est se dont elle à besoin car elle à peur pour la petite qu'elle a abandonnée. En entrant, elle voit Opaline assise. Son amie à plutôt l'air mal au point. Sans ce soucier du reste, Aya va commander à boire, prend sa chope et rejoins son amie.

"Chérie Opaline? Que t'arrives-tu?"

Opaline sursaute à la question de la belle elfe, ne l'ayant pas du tout entendu approcher tant elle est plongée dans ses pensées.
Mais lorsqu'elle lève ses grands yeux verts sur elle, immanquablement, elle lui offre un très grand sourire.

"Ho Aya !! Bonjour ! Tu es bien matinale ! "
Elle lui offre de s'installer à sa table, et hausse les épaules avec fatalisme.
"J'ai pas trop le moral ce matin, mais ça va passer... et toi, comment ça se passe avec Maêlik ?? "

Aya rigole un peu d'avoir fais sursauté son amie tout en s'assoyant. Elle rougit à l'évocation de Maêlik.

"Oh, très bien sauf peut-être le fait que Cali aie profité de mon absence pour partir en quête. J'espère que ça ira pour elle. Je n'aurais pas dû rester trop longtemps avec Maêlik. Mais c'est de toi là qu'on dois parler, je n'aime pas voir une jeune femme mal au point. Quand je suis heureuse, je veux que tout le monde le sois."

Et elle offre un grand sourire à Opaline.

La princesse qui n'avait jamais bu d'alcool prend une gorgée de sa chope et fait une grimace.

Toujours aussi encline à sourire, et toujours aussi optimiste, Opaline pose une main rose sur le bras de l'elfe.

"Ne t'inquiète pas pour Cali ! Si elle est partie en quête, c'est qu'elle n’est pas seule ! Les autres veilleront sûrement sur elle !"

Elle baisse les yeux, plus songeuse; Justement... Durant sa dernière quête, Vakor avait veillé sur elle... Elle soupire, lourdement, avant de regarder à nouveau Aya lorsqu'elle parle de Maêlik.
Elle est amoureuse, c'est évident !! Elle rougit à l'évocation du jeune guerrier !! Elle en glousse, malicieuse, et plisse les yeux.

"Ne t'inquiète pas pour moi, l'essentiel c’est que ça se passe bien pour toi ! C'est pas évident d'être nouveau ici."
Elle hausse un peu les épaules et la regarde boire son alcool si tôt le matin.
"Je me sens juste un peu seule, c'est tout..."

Opaline réussit à réconforter la princesse au sujet de Cali. Mais quand la belle rousse lui avoue qu'elle se sent seul, Aya se sent triste d'être pleine de bonheur contrairement à son amie.
Elle prend les mains de cette dernière et la regarde droit dans les yeux.

"Opaline chérie? Seul,... Seul dans quel sens? Tu as plein d'ami, regarde moi par exemple et puis,... Tu as tout les hommes que tu veux. Quand je t'ai rencontré, j'étais pleine du péché de l'envie, de jalousie,..."

Elle regarde son amie avec des yeux tristes. L'elfe n'avait jamais eu à réconforter quelqu'un car elle n'avait jamais vraiment eu d'amis mais elle comptait bien être là pour Opaline.

Opaline laisse la belle elfe lui prendre les mains, mais c'est avec une grande surprise qu'elle l'écoute se confier ainsi, sans doute sans le vouloir.
Du coup, la rouquine se fait plus curieuse à son sujet. Il faut dire que le mage Bouz'hy-er et Vakor le conquérant, ont profondément marqué la jeune femme sans le savoir, et petit à petit, elle s'ouvre aux autres, et à leur soucis qu'elle prenait à la légère avant.

"M'envier, moi ?? Mais... Aya ! Regarde comme tu es belle, tu pourrais avoir tous les hommes que tu veux ! Pourquoi me jalouser...? En plus franchement, ça n'apporte pas grand chose de bon au final."

L'elfe fait la grimace.
"Et bien, tu as facile pour parler au gens alors que moi, j'ai toujours peur qu'on me rejette et tout. Tu n'as pas honte de qui tu es, de tes formes. Moi, j'ai peur, vraiment peur. Peur que quelqu'un remarque à quel point je suis différente."

Aya lui sourit un peu gênée, lâche ses mains et re-boit un grand coup de bière. En faite, c'est pas si mauvais que cela.

"Tu en veux un verre? Je t'invite. Parait que c'est bon pour oublier."

Fait-elle en pointant le verre.

Opaline ne comprend vraiment pas la jeune elfe.  Elle ne l'a pas du tout sentie avoir du mal à parler avec les gens... La preuve, elle a fait tomber Maêlik dans ses filets alors qu'ils ne se connaissent qu'à peine !! Elle a aussi recueillit Cali, et ne s'est à priori pas fait d'ennemi par ici.
Mais ce qui fait tiquer la rouquine c'est qu'elle lui parle de ses formes à assumer. Elle n'en a jamais eu honte et ne comprend pas en quoi c'est une prouesse... Elle est telle qu'elle est, point barre ! Elle ne comprend vraiment pas les gens qui se focalisent là dessus.
Du coup elle s’abstient de répondre quant aux différences, ne sachant plus bien si Aya est venue la réconforter, ou au contraire... se confier, elle.

Opaline est perdue, et de plus en plus mal à l'aise. Elle ne se sent pas les épaules de soutenir cette jeune femme qu’elle connait à peine pour le moment.
Elle baisse les yeux sur la bière et plisse le nez.

"Tu sais... il est très tôt, l'alcool j'aime pas trop en boire dès le matin. Je crois que... je crois que ça va mieux ! Je vais aller prendre un bon bain ça me rafraichira encore plus les idées ! Je te remercie d'avoir discuté avec moi, ça m'a fait du bien ! "

Elle se lève et lui fait un petit signe de la main, souriante.
"Bois pas trop quand même et... passe le bonjour à Cali e Maêlik pour moi !"

Aya regarde son amie partir et lui fais un signe de la tête sans savoir trop bien si elle lui a dit quelque chose qu'il ne faut pas ou non.

"Je n'y manquerais pas"

Elle finit sa chope d'une traite en regardant autour d'elle,... Elle est seule et boire une chope d'un seul coup pour quelqu'un qui n'avait jamais bu,... C'était un peu fort.
Elle en prend quand même un deuxième et sors, se dirigeant vers Malfosse pour respiré.