Une promenade romantique ?

Sa'rkhan conduit donc la belle Jivakka vers le Lac de Noirpuy, son lieu préféré entre tous. Forcément, pour un être comme lui, né de l'union d'une Vouivre et d'un humain... Il a vécu presque toute sa vie près d'un lac, et l'eau est clairement son élément !

Jivakka à son bras, il fait attention à ne pas la conduire droit dans un trou d'eau ou de boue, veillant à ce qu'elle ne tombe pas, ni ne trébuche.
Apaisé, d'incroyablement bonne humeur par rapport à d'habitude, l'humivre se sent le coeur léger, malgré sa cheville blessée.

"Comment trouvez-vous les lieux ? Pas trop glauques j'espère...?"

"Je trouve cet endroit dégage une atmosphère très mystérieuse avec cette brume qui se lève... "

La brume se mêlant à un léger vent apportait une sensation de fraîcheur très agréable. Ils arrivent vers un endroit où les trous de boue se font de plus en rare.

"Que pensez-vous si nous nous installons ici pour contempler le paysage? J'apprécie le contact avec la nature, en fait les plantes et animaux en tout genre me fascinent. Je peux passer des journées entières à me balader, à scruter chaque détail, à la recherche d'une nouvelle herbe, d'une fleur inconnue."

Tout en conversant, Jivakka sort une petite couverture de mohair, à l'aspect duveteux, qu'elle dépose au sol. Elle avait bien observé le dandysme du jeune homme.

Sa'rkhan sourit avec bonheur. Le voilà en tête à tête avec la magnifique Jivakka, dans un endroit qu'elle au moins sait apprécier à sa juste valeur.
Il se sent... profondément heureux, et cela n'était plus arrivé depuis des lustres, tant il était occupé à détester tout le monde.

Il la regarde installer la couverture, un peu mal à l'aise en fait, peu habitué au jeu de la séduction.
"C'est absolument parfait. Tout est vraiment parfait en fait... Vous me remplissez de joie Jivakka."

Il s'installe auprès d'elle sur la couverture confortable, après avoir récupérer quelques brindilles plus ou moins sèche.
Il ne va pas perdre une aussi belle occasion de montrer ce dont il est capable, mais aussi.... de se montrer le plus gentleman possible. Après quelques mouvements de mains très probablement inutiles, ses longs doigts donnent naissance à de petites étincelles qui ont tôt fait de sécher complètement les brindilles, puis d'y mettre le feu.
L'homme-vouivre s'en sert alors pour allumer un petit feu afin de rendre l'environnement plus agréable, et d'éviter que la jeune femme n'attrape froid dans ce lieu humide.

"Je suis tout à fait de votre avis. Moi-même j'apprécie énormément les promenades sans fin, seul, pour profiter de ce que la Nature nous offre."
Il esquisse un petit sourire amusé.
"Cependant je pense que mes goûts en la matière sont un peu plus... aquatiques."
Il la regarde en souriant.
"J'ai si peu l'habitude de côtoyer quelqu'un de si agréable et doux... vous ne manquez de rien j'espère ?"

"Oh non je ne manque de rien. J'apprécie votre charmante attention d'avoir enflammer ces morceaux de bois. Je connais peu le milieu aquatique, je l'avoue, l'eau n'est pas mon élément préféré mais je serais enchantée que vous me fassiez découvrir cet univers." dit-elle en plongeant son regard dans ses pupilles ambrées.

"Il doit exister une multitude d'espèces de poisson à pouvoir contempler... Vous devez assister parfois à des spectacles magnifiques quand vous plongez."

L'enthousiaste et utopique Jivakka pourrait passer des heures à contempler cette agréable personne. Le charmant jeune homme vouivre esquisse à nouveau un sourire, dévoilant des dents d'une blancheur éclatante, mais la forme pointue de ces dernières attire subitement l'attention de Jivakka. Elle n'avait pas remarqué ce petit détail mais ses dents semblent avoir été élimées...

"Je suis très admirative, vous semblez maîtriser ces deux éléments si opposés que sont l'eau et le feu..."

Sa'rkhan l’homme aquatique est tout aussi subjugué que la jeune femme, mais pour des raisons relativement diférentes.

Elle est si belle.. et elle est humaine ! Et pourtant, elle semble s'intéresser très sincèrement à lui !
Complètement sous le charme, il est très intimidé lorsqu'elle plonge son beau regard dans el sien, et il baisse alors les yeux avec une certaine timidité bien inhabituelle chez lui.
Il hoche cependant la tête pour confirmer ses paroles, jouant avec une brindille contre ses grandes bottes magiques.

"En effet, mais après tout, les éléments sont comme les âmes, ils se complètent entre eux j'imagine. Alors l'eau va finalement très bien avec le feu."

Il la regarde à nouveau et après s'être passé une langue bleue sombre sur les lèvres, il tente sa chance, portant ses longs doigts à la chevelure de Jivakka pour la lui caresser timidement, observant son propre geste.

"Est-ce que vous savez nager ? Si c'est le cas, je pourrais vous montrer l'univers incroyable que l'on peu trouver sous les eaux."

Le geste du jeune homme surprend Jivakka, elle s'immobilise. Elle se sent toute enfiévrée par son audace. Ses pensées vagabondent et elle en oublie de répondre à la question que l'homme-vouivre lui a posée tendrement. Le pressentiment de danger qu’elle avait éprouvé un bref instant s’est complètement estompé de son esprit.

La lumière crue du feu laisse dessiner la ligne si pure de ses épaules. Elle le contemple avec ravissement. Le silence, à la fois apaisant et étourdissant, est ponctué de temps à autre de doux clapotis, certainement de petits insectes frôlant la surface de l’eau. La brume s’étend, les encerclant d’un voile grisâtre vaporeux, les isolant du reste du monde. L’atmosphère intimiste qui y règne relève invraisemblablement de l’ordre de l’irréel.

"Oui, je sais nager.... et je serais enchantée de découvrir la beauté du milieu aquatique… " dit-elle, son regard fixé sur le charmant jeune homme

.* Mais qu’est ce que je viens de dire, oui je sais nager, mais l’idée d’immerger mon corps entier dans l’eau me terrifie…*

Cette nouvelle angoisse s’évanouit aussitôt, le moment qu’ils partagent ensemble est si délicieux. Cette plénitude est interrompue brutalement par un mugissement épouvantable, surgissant de nulle part. Jivakka sursaute, son teint devient blême.

Si la peur de la jeune femme était furtive et discrète, Sa'rkhan l'a cependant remarqué et fronce les sourcils, légèrement, très soucieux.
Craint-elle qu'il ne lui fasse du mal..? Il a beau avoir un caractère infecte, jamais il ne se permettrait une telle chose.
A personne en réalité. Heureusement, ses attaques gratuites ne sont que verbales, et il est réellement très troublé par la crainte qu'il a cru lire dans le regard de la jeune femme.

Mais elle répond à sa question et il chasse un instant ses doutes, souriant à sa réponse.
Cette femme est... tout simplement parfaite. Si belle, si douce... Et elle aime l'eau ?! Vraiment, jamais il n'aurai ru rencontrer une telle humaine un jour...

Mais le mugissement se fait soudain entendre, et le corps tout entier de Sa'rkhan se tend, alors qu'il tourne la tête pour regarder du côté d'où semble venir ce son lugubre. Mais aucune peur ne transparait pour sa part : juste une détermination assurée et franche. Il est prêt à se battre s'il le faut. Contre un vagabond, un brigand, ou un monstre.
D'ailleurs, il a déjà porté sa main à son bâton renforcé, en cas de besoin, parlant d'une voix sûre.

"Ne vous inquiétez pas, nous ne risquons rien."
Il la regarde à nouveau, et lui sourit avec assurance.
"A nous deux nous viendrions probablement à bout de n'importe quelle créature !"

Son sourire s'évapore cependant alors qu'il reprend, soucieux.
"J'espère que je ne vous fait pas peur, au moins ?"

"Non, pas la moindre crainte!" dit-elle avec une grande spontanéité. L'attitude vaillante du jeune homme lui confère un sentiment de sécurité.

Un nouveau mugissement se fait entendre, monstrueux de puissance, suivi de petits bruits, décelant des mouvements dans les buissons à quelques pas d'eux.

Jivakka perçoit dans ses yeux impénétrables une légère tension. Le bruissement s'arrête, aussi soudainement qu'il a commencé. Seul le son du crépitement très doux, naissant du brasier leur parvient aux oreilles. Ils échangent un regard. L'homme-vouivre est déterminé à découvrir le fauteur de troubles. Il s'approche de la touffe d'arbrisseaux sauvages, avec une effarante détermination rageuse mêlée d'une paisible certitude. Il entame une inspection méticuleuse de l'endroit, sous les yeux admiratifs de la jeune femme, quand soudain une masse noirâtre sort du feuillage, à la vitesse d'une boule de canon, et se plante dans le dos du courageux jeune homme. Jivakka semble percevoir dans l'obscurité étoilée, une boule de poil avec un ruban d'écail.